DÉNOMINATION
HISTORIQUE
Période
seconde moitié du XXe siècleAnnée(s) de réalisation
1953Commanditaire(s)
Ville de BordeauxConcepteur(s)
Jean Royer, urbaniste en chef Claude Leloup, urbaniste Jacques Carlu, architecte en chef Michel Joly, architecte Maurice Babin, architecte Maurice Métraux, architecte (crèche et centre social) Société des grands travaux métropolitains (entreprise de travaux publics)A GRANDS TRAITS
Entre 2000 et 2006, le bailleur social Aquitanis démolit et remplace les 120 logements de la cité Carreire II après un demi-siècle d'existence. Dès sa livraison en 1953, Carreire est montrée en exemple dans toutes les revues d'urbanisme et d'architecture comme modèle de réussite de construction sociale, preuve que l'on peut faire beau et bien malgré un coût deux fois plus bas que les prix moyens HLM. Ce tour de force est à mettre au crédit d'architectes et d'urbanistes de renommée internationale, appliqués à donner confort et cadre de vie aux familles les plus modestes.
DANS LE DÉTAIL
Lorsque que le conseil municipal de Bordeaux vote la destruction de l'îlot insalubre de la rue du Château-d'Eau à l'été 1950, les services optent pour un relogement des habitants les plus défavorisés à Carreire. Carreire est un ancien domaine viticole dont la ville est propriétaire depuis la fin du XIXe siècle. Il se compose des bâtiments (château et dépendances) et de 16 hectares de terrains, principalement occupés par des prairies et les cultures de la pépinière municipale. En 1932, une partie située sur la frange sud a été été lotie en pour accueillir le quatrième programme immobilier de l'Office public d'habitations à bon marché de la Ville de Bordeaux : Carreire I (82 logements, Jacques d'Welles architecte).
En février 1951, un peu plus de 5 hectares sont dévolus pour le programme de la nouvelle cité. Au mois d'août, les urbanistes Jean Royer et Claude Leloup rendent le plan de masse définitif. Sur un terrain assez boisé, la principale difficulté est le passage de trois cours d'eau : le Devoux au nord, la Devèze au centre et le Peugue au sud et leur assainissement futur. Si les deux premiers sont prévus pour être entièrement rectifiés et canalisés, Royer propose de préserver un cadre naturel autour du Peugue, avec parc et bassin, propice aux interactions entre habitants. Pour le reste, les mouvements de terrain et les talutages compensent quelque peu le nettoyage complet des parcelles.
Côté logement, l'architecte Grand Prix de Rome Jacques Carlu, assisté de ses confrères Maurice Babin et Michel Joly, mettent au point les 5 types des 120 logements prévus au plan (6 de 6, 18 de 5, 36 de 4, 36 de 3 et 24 de 2 pièces). Ils imaginent des maisons traditionnelles, avec toit à deux pans couvert de tuiles creuses mais dont l'horizontalité des fenêtres assure l'originalité. Hormis les 6 pièces qui comportent un étage, chaque maison est en rez-de-chaussée et accolée à sa voisine pour réduire les coûts de construction. Les matériaux sont simples eux aussi, avec des fondations en béton armé, des murs en brique creuse ou terrière, des volets en pin comme la charpente. Chaque logement est équipé des mêmes commodités, à savoir une cheminée en brique pleine, d'un WC, d'une salle de bain et d'une cuisine avec évier.
Le chantier est confié à la société des Grands travaux métropolitains qui engage le chantier au cours de l'année 1952 et livre les premiers logements à l'été 1953.
Deux ans plus tard, le bâtiment regroupant la crèche et le centre social, seuls équipements de la cité, est construit sur les plans de l'architecte Maurice Métraux.
Des grands noms de l'urbanisme et de l'architecture
Jean Royer est urbaniste à Paris mais semble tisser des liens avec la jeune municipalité bordelaise de Jacques Chaban-Delmas qui le place, en tant qu'urbaniste-conseil de la Ville à partir de 1949, au cœur des grands chantiers d'urbanisme de l'immédiat après-guerre. Avec son ami urbaniste Claude Leloup, ils tracent les programmes des cités de la Benauge (1948) puis celles de Carreire (1951), de Claveau (1952), du Grand Parc ou encore du quartier de l'Hôtel de Ville en 1954. Pour les trois premières cités, Royer est entouré de la même équipe d'architectes, composée du premier Grand Prix de Rome Jacques Carlu, architecte-conseil de la Ville de Bordeaux depuis 1949, dont la renommée internationale le précède ; il est assisté de ses collaborateurs les architectes parisiens Maurice Babin et Michel Joly.