Île d'Arcins

CRÉÉ LE 08/04/2025
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CONTRIBUTION VÉRIFIÉE
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La pointe nord de l'île d'Arcins, le pont François Mitterrand et Bordeaux en 2024.
Vue d'ensemble depuis le sud avec, à droite, la passe de Latresne en 2024.
Vue d'ensemble depuis le nord ; à gauche la passe de Latresne en 2024.
Vue d'ensemble des anciens bâtiments de l'INRA, vue vers l'ouest en 2025.
Vue des anciens bâtiments de l'INRA en 2025.
L'un des appontements et débarcédère de l'île en 2024.
Photographie aérienne de l'île avec les cultures fruitières de l'INRA en 1974.
Les terres nues, la maison de gardien de l'INRA et les anciens cuviers, vers 1960.
L'un des cuviers à étage, vers 1960.
Les trois cuviers à étage avant démolition, vers 1960.
Les agents de l'INRA au milieu des cultures fruitières et de la maison de gardien, vers 1960.
Photographie aérienne des chais et cuviers au centre de l'île en 1950.
Plan de l'Île levé par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-Baptiste Couturier en 1835.

DÉNOMINATION

Non bâti
Bâti

HISTORIQUE

Période

XVIIIe siècle XIXe siècle XXe siècle

Année(s) de réalisation

1956

Commanditaire(s)

Institut national pour la recherche agronomique (INRA)
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A GRANDS TRAITS

Arcins est une île formée par agrégats de bancs de sable au cours de l'époque moderne. Elle est située près de la rive droite de la Garonne, séparée par un mince canal -ou passe- de la commune de Latresne, sa commune d'attache. Malgré une soumission permanente aux forts courants et aux submersions du fleuve, l'île est mise en culture dès le XVIIIe siècle, agrandie puis fixée par bornage à une vingtaine d'hectares au début du XIXe siècle.

Longtemps sylvicole, viticole, puis jardin fruitier d'expérimentation et elle est, depuis 2024, propriété de Bordeaux Métropole qui lui destine un avenir tourné vers la protection et la valorisation de ses riches espaces naturels.

DANS LE DÉTAIL

Jusqu'à la Révolution : une île en croissance

Comme toutes les autres îles formées sur les fleuves de France, Arcins, appelée au XVIIIe siècle "œil-de-bœuf", est la propriété de l'État. Via son administration (la Ferme générale), le royaume propose la mise en fermage de ses espaces, tolérant leur agrandissement si le locataire s'acquitte des impôts afférents. En 1763,  Pierre Dublan (1700-1787), qui n'est autre que le responsable des domaines du roi à Bordeaux (!), se rend locataire de l'île. Il y développe la culture de saules et de peupliers, deux essences hydrophiles à croissance rapide, utilisées pour la fabrication de piquets de vigne et de cercles à barrique. Jusqu'à sa mort, Dublan prend soin d'agrandir son île par le rattachement des bancs de sable et autres atterrissements formés à son approche pour augmenter son île de quelques milliers de mètres carrés à une dizaine d'hectares.

 

Le XIXe siècle : la culture des possibles

Après la Révolution, l'île est rachetée puis passe aux mains de deux propriétaires : les Foussat et les Dupuch, qui poursuivent la sylviculture et les augmentations de surface. Dans les années 1830, l'île est bornée par un géomètre des Ponts et Chaussées à la suite de plaintes des propriétaires riverains. Ces derniers s'inquiètent de voir un jour fermée la passe par les bancs de sable de l'île, signant en quelque sorte la mort annoncée de leur commerce viticole depuis les rives de Latresne. Les 17 bornes plantées le long du cordon de digue fixe la surface d'Arcins à une trentaine d'hectares.

À partir des années 1860, Arcins est complantée en vigne sur une vingtaine d'hectares pour la production de vins dits de palus. Ces vins, en vogue tout au long du XIXe siècle, donnent d'excellents rendements et l'avantage pour les cépages comme le petit verdot de s'épanouir sur des sols humides voire noyés par les crues du fleuve. En 1906, le nouveau propriétaire Louis-Pierre Pairier fait construire d'immenses cuviers à étage et des chais au centre de l'île (détruits à partir de 1958). Les vins de l'île reçoivent de nombreuses récompenses aux divers concours et expositions où ils sont présentés jusqu'au début du XXe siècle.

 

Ère INRA (1955-2002) : à la pointe des fruits  

L'achat de l'île par l'État via son jeune Institut national de la recherche agronomique (INRA, INRAE depuis 2020) en 1955 correspond à la volonté de développer l'agriculture française grâce à des pôles régionaux spécialisés. Arcins est rattachée à l'antenne de la Grande Ferrade à Villenave-d'Ornon, qui sont chargés de l'étude et de la croissance des nouvelles espèces fruitières. Au cours des années 1960, les derniers ceps de vignes sont remplacés par des pêchers, des pommiers et autres cerisiers ; les anciens bâtiments viticoles (chais, cuviers) sont démolis. Le climat humide et dépourvu de gelées favorise les expérimentations et la lutte contre les nuisibles. À la fin des années 1960, la groseille de chine est mise en culture pour la première fois en France. Plus connue sous le nom kiwi, la plante est d'ailleurs toujours présente sur l'île, comme nombre d'espèces fruitières après le départ des ingénieurs agronomes en 2002.

 

Vers la nature (2002-) : du privé au public

Un propriétaire privé rachète l'île en abandonnant toute forme d'exploitation agricole mais avec l'idée de promouvoir la nature insulaire, notamment auprès des scolaires. En juin 2024, dans le cadre du programme "métropole rafraîchissante", Bordeaux Métropole acquiert Arcins afin d'en faire, à terme, un parc public fluvial.

La culture du vime ?

Comme en 1760, la vente de 1815 indique que l'île est "entièrement complantée en œuvre et vîme".

"L’œuvre" se rapporte au matériel nécessaire pour la culture de la vigne. Parmi cette "œuvre" on trouve les piquets, appelés localement carrassonnes, issus principalement des châtaigniers du Périgord-Limousin, et le vime, qui est du bois tendre qui permet : d'attacher les vignes aux fils et aux piquets, de réaliser des cercles pour les barriques, ou encore à tresser des paniers de vendange...
Le terme vulgaire de vime dérive de la plante salix viminalis, autrement dit une espèce de saule dont la culture en brin donne, après trois années de croissance, des tiges particulièrement tendres et flexibles appelées osier. Aux XVIIIe et XIXe siècles, son prix élevé pousse les propriétaires des zones inondables (rives de fleuves, îles) à développer massivement ces cultures.

Arcins est donc une île de saules, pourvoyeuse des besoins de ces propriétaires successifs : la famille Dublan jusqu'en 1815 puis les Dupuch et Foussat détiennent tous des domaines viticoles à proximité de l'île dont les vins sont réputés sur la place bordelaise.

LOCALISATION

DOCUMENTS

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