DÉNOMINATION
A GRANDS TRAITS
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, Martignas est un territoire de bois et de landes ; un premier village lié à un usage agropastoral de l’espace s’y développe près de la Jalle autour d’une église aujourd’hui disparue, puis se déplace au nord, autour de l’église actuelle, avec sa mairie et son école. Si une présence humaine est attestée, près de la Jalle, dès le Néolithique et jusqu’à l’Age du bronze, l’origine du bourg est sans doute médiévale : on observe encore sur les cadastres du XIXe siècle les traces d’un vaste îlot de culture circulaire dont le défrichement a sans doute été à l’origine d’un bourg comparable à un bourg casalier, comme il s’en rencontre beaucoup dans les landes de Gascogne où ce type d’habitat émerge au Moyen Âge. L’évolution de la commune est marquée par la construction d’un réseau de crastes qui permet d’assainir la lande. L’enrésinement des communaux dans la seconde moitié du XIXe siècle est une autre étape importante de l’anthropisation de ce territoire qui marque encore ses paysages. Le bourg rural, d’une cinquantaine de foyers à la fin de l’Ancien Régime, est célèbre pour ses foires et son marché aux portes du Médoc, puis pour ses blanchisseuses qui travaillent pour la population urbaine de Bordeaux. Aujourd’hui, c’est une commune pavillonnaire de près de 8000 habitants où il fait bon vivre sous les arbres, à la fraîcheur des ruisseaux.
DANS LE DÉTAIL
L’élevage des moutons puis le gemmage des pins et la culture du maïs, qui forment le blason de la commune, ont cédé la place, avec l’amorce d’un essor démographique dès les années 1960, à une petite ville où près de la moitié des emplois est issu de l’administration publique (avec le camp de Souge), le reste étant lié aux trois parcs d’activité de la commune. Depuis, de nombreux lotissements aux formes variées se sont installées sur le territoire de la commune ; ils ont largement envahi les terres autrefois arables ainsi qu’une partie de la lande. Les maisons individuelles occupent, en 2019, plus de 80 % du parc des résidences principales qui en compte près de 3000.
Martignas jusqu’au milieu du XIXe siècle : un territoire de bois et de landes
La carte de Masse de 1724 montre que le bourg de Martignas est implanté sur la rive gauche de la Jalle. Le lit de la rivière est assez large, formant un corridor (en vert) bordé de talus (en noir). Un moulin est figuré, au sud. Les champs, peu nombreux, sont situés à l’ouest du bourg (limites figurées en vert). Les landes couvrent des surfaces considérables, tant sur la rive gauche que sur la rive droite de la Jalle. Enfin, de nombreuses voies convergent vers le bourg, venant de l’ouest pour les unes (depuis Le Temple, Saumos, Lège et Lanton), de l’est pour les autres (depuis St-Médard-en-Jalle, Bordeaux via Mérignac), du sud (St-Jean-d’Illac) et du nord (St-Médard-en-Jalle), le désignant comme une centralité à l’échelle locale. Cette centralité locale est liée à un point de franchissement de la Jalle (gué ou pont), situé au nord-est du bourg, qui en fait un point de passage obligé. Ce point de franchissement de la rivière est vraisemblablement à l’origine d’un déplacement du bourg dans le temps.
Un îlot de culture sur la lande : origine et morphologie
Grâce au plan cadastral de 1844 complété des états de section, on constate qu’au milieu du XIXe siècle, la commune est occupée à 91% de landes, pâtures et bois (2407 ha). La part des terres cultivées s’élève à seulement 7 %. Ainsi donc, à la veille de la loi de 1857 sur l’assainissement et la mise en culture des landes de Gascogne, Martignas est un territoire de bois et de landes, état résultant très largement d’invariants physiques et historiques.
Sur la rive gauche de la Jalle, approximativement au centre de la commune, s’étend une zone grossièrement circulaire, d’environ 2 kilomètres de diamètre, où se mêlent bois et terres labourables. Cette zone agricole est déjà figurée sur la carte de Masse au début du XVIIIe siècle et correspond, à quelques parcelles près, au seul secteur cultivé de la commune. En bordure orientale de cette zone agricole est implanté le bourg de Martignas, entouré de quelques vignes et de prés, à proximité de la Jalle. Quelques parcs à moutons, enfin, parsèment la lande, liés à l’usage pastoral de ces milieux.