Château Bourran

CRÉÉ LE 09/08/2024
Mérignac
CONTRIBUTION VÉRIFIÉE
97
Vue de l’entrée du château façade sud, avec portique soutenu par des colonnes ioniques
Vue du château depuis le lac, 2024
Vue de la façade sud du château depuis le parc, 2024
Vue de l'extrémité ouest du château, 2024
Vue de l'extrémité est du château
Vue du château depuis le lac, carte postale de 1910
Photographie aérienne du château et du quartier de Bourranville en construction, 1960
Vue de la façade sud du château depuis le parc, carte postale de 1915
Vue de l'extrémité ouest du château, carte postale de 1915
Dessin approximatif de la taille du domaine de Bourran sur une photographie aérienne de 1950
Dessin de situation des anciens domaines de Mérignac.

DÉNOMINATION

Bâti Habitat (Château)

HISTORIQUE

Année(s) de réalisation

1870

Commanditaire(s)

Emile Ravezies

Concepteur(s)

Jules et Paul Lafargue
Consultez la source de l’iconographie en affichant l’image en plein écran.

A GRANDS TRAITS

L’actuel château de Bourran est construit en 1870 par les architectes Jules et Paul Lafargue sur une commande de l’armateur bordelais Émile Ravezies. Il remplace la chartreuse qui occupait le centre du domaine viticole fondé par famille de parlementaires Bourran au début du XVIIe siècle.

DANS LE DÉTAIL

Aujourd’hui, quelques pieds de vignes sont visibles à l’est du château, en souvenir d’un domaine viticole qui s’étendait sur plus de 240 ha. Entre 1605 et 1791 ce dernier passe entre les mains de l’ordre religieux des frères Minimes, du marquis de Cazeaux et enfin de François-Armand Saige (constructeur de la Glacière Avenue de Mérignac) qui est guillotiné à la Révolution. À l’emplacement du château s’élevait une chartreuse, c’est-à-dire une maison de campagne bourgeoise, ainsi que des serres où François-Armand Saige stockait ses quelques 300 orangers (Ginette et Pierre Gilliard, Origine et Essor des quartiers de Mérignac, deuxième édition augmentée, 2009). C’est au milieu du XIXe siècle que l’armateur Ravezies rachète le domaine.

Le château actuel, que Ravezies fait construire en 1870, comporte une demeure principale et cinq dépendances. Le château domine l’un des plus beaux parcs paysagers de l’agglomération bordelaise : 17 hectares de prairies, plantations, et un plan d’eau qui distribue différents espaces : vastes pelouses aux essences variées et bocages agrémentés de fausses ruines, comme des ponts et des statues romantiques.

La façade sud du bâtiment principal a une façade ordonnancée, rythmée par 45 fenêtres.

La façade est inspirée, d’une part, par le style Renaissance : travail sur la régularité des éléments et création de motifs subtils, comme ceux qui ornent les pilastres incrustés sur le premier étage de la façade sud. 

D’autre part, la façade est ordonnée selon le style Louis XVI. Elle est en effet très verticale : les fenêtres étroites, les hautes cheminées, ainsi que les colonnes ioniques qui soutiennent le portique tirent tout le bâtiment vers le haut. Les balcons et les nombreuses colonnes, qui renvoient aux temples classiques, sont également un élément de ce style architectural.

Une architecture symbolique

Cette façade très travaillée, au croisement des deux styles, est typique des maisons de campagne construites par les bourgeois bordelais qui se sont enrichis dans le commerce maritime et la politique, comme la famille Ravezies, et qui rachètent différents domaines viticoles en dehors de Bordeaux. Ces constructions remplacent en général des maisons de campagne moins grandes au milieu des domaines agricoles qu’on appelle des bourdieux. 

Émile Ravezies et son gendre le banquier Léopold Piganeau disposent dans le paysage des éléments symboliques pour se distinguer. À l’entrée Sud du parc, le portail ouvragé porte les initiales de la famille. La couverture d’ardoise ajoute à la distinction du château dans le paysage.

Pour l’aménagement du parc, Émile Ravezies fait importer vingt-quatre essences d’arbres géants des États-Unis,  : cèdre de Californie, chêne rouge d'Amérique, copalme d'Amérique, cyprès chauve, grand frêne, métaséquoïa, platane à feuilles d'érable, saule blanc, et séquoïa géant sont toujours debout dans le parc aujourd’hui. Du côté ouest du château, on peut aujourd’hui encore voir de grands pins parasols, appelés pins francs. Ceux-ci, symboles de puissance, sont plantés autour des chartreuses de Mérignac depuis le XVIIIe siècle. 

La demeure d’aristocrates devient d’utilité publique

Dans les années 1890 la famille Ravezies se retrouve ruinée par le scandale de Panama et perdent leur domaine de Bourran ainsi que le château. S’y installe l’école de Guyenne, qui pratique l’initiation agricole et viticole des jeunes jusqu’en 1920. C’est à ce moment que le vaste domaine commence à être démantelé, des lots de terres vendus au Nord pour réaliser des lotissements. Le domaine continue d’être divisé jusqu’en 1945, où il est racheté par le Ministère de l’Éducation nationale qui y installe l’École Normale, qui deviendra l’IUFM en 1990 puis l’ESPE en 2013, aujourd’hui INSPE. La Municipalité entreprend alors de faire construire des équipements scolaires autour du château : école primaire en 1960, puis collège et gymnase dans les années 90. Aujourd’hui l’école Bourran, le collège Bourran, le château de Bourran et le parc qui les entoure constituent le centre du quartier de Bourranville.

LOCALISATION

DOCUMENTS