Eysines

CRÉÉ LE 20/02/2023
7 Rue du Docteur Barrière  -  Eysines
CONTRIBUTION VÉRIFIÉE
50
Le territoire d'Eysines d'après la carte de Claude Masse (1724)

DÉNOMINATION

Bâti
Consultez la source de l’iconographie en affichant l’image en plein écran.

A GRANDS TRAITS

EYSINES JUSQU’AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE ; UN TERRITOIRE RURAL AUX PORTES DE BORDEAUX

Les cartes et plans anciens conservés dans les fonds d’archives permettent d’analyser les formes du paysage et d’en révéler les logiques d’organisation au milieu du XIXe siècle. Le territoire d’Eysines apparaît alors maillé par de nombreuses voies qui le traversent et le relient à celui des communes voisines du Taillan et de Blanquefort, au Nord, et de Mérignac, au Sud, du Haillan, à l’Ouest et de Bruges, du Bouscat et de Caudéran, à l’Est. La plupart de ces voies sont anciennes, sinon très anciennes, comme l’actuelle avenue du Taillan-Médoc, qui reliait au Moyen Âge Soulac à Bordeaux par une ancienne voie romaine connue sous le nom de La Levade. D’autres sont beaucoup plus récentes, comme la route du Médoc et l’avenue de Pauillac, dont le tracé très rectiligne recoupe les formes préexistantes, notamment les chemins qui convergeaient vers le moulin Noir, désignant ce lieu comme un point de franchissement ancien de la Jalle. Ces deux voies construites dans la seconde moitié du XVIIIe siècle témoignent de la mise en relation de Bordeaux avec Lesparre et Pauillac, bourgs les plus importants du Médoc à l’époque. 

Plusieurs hameaux se sont développés au fil des siècles le long ou au carrefour de certaines de ces grandes voies : 1- Le Bourg, organisé en peigne de part et d’autre d’une rue centrale dominée à son extrémité nord par l’église de la commune. Les vestiges de plusieurs logis nobles de la fin du Moyen Âge y sont conservés qui témoignent de son ancienneté ; 2- Lescombes, implanté en bordure de la route du Taillan, dont le plan juxtapose un village rue, à l’ouest, et une possible enceinte, à l’est, dont la forme circulaire est partiellement conservée dans le parcellaire. Le tracé sinueux de la rue Raoul Dejean, au nord, reliait jadis cette forme au bourg ; 3- Le Vigean, à l’extrémité est de la commune, implanté le long d’une grande voie nord/sud qui franchissait la vallée de la Jalle à proximité du château de Blanquefort ; 4- Le Haillan, à l’Ouest, implanté sur la route de Saint-Médard. Ce hameau a été érigé en commune en 1867 par décret de Napoléon III, amputant Eysines de la partie orientale de son territoire. 

Au centre de ce qui était le territoire primitif de la commune, l’analyse des formes met en évidence une grande auréole circulaire d’environ 2 kilomètres de diamètre et d’approximativement 6 kilomètres de circonférence. Elle est matérialisée par des voies, chemins et limites parcellaires fortes, hormis au nord où son tracé semble avoir été occulté par la construction de la route du Médoc et du château de Cantinolle. Elle est traversée d’Est en Ouest et du Nord au Sud par plusieurs grandes voies, dont le vieux chemin de Soulac, qui se croisent au niveau du hameau de Lescombes. A l’intérieur, les formes parcellaires, correspondent aux cultures pratiquées à Eysines au milieu du XIXe siècle, soit des prés et des jardins au nord de la commune, des vignes au centre, des terres et des bois mêlés au sud. Ces bois pourraient être les reliques d’une ancienne forêt royale, bien attestée par les textes, qui couvrait au Moyen Âge tout l’ouest de Bordeaux. Le roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, Edouard Ier, en avait relancé le défrichement dans les années 1270, ordonnant à son administration qu’elle soit réduite en terres labourables. Cette auréole circulaire pourrait donc être la trace d’un des défrichements organisés à cette époque, ce type de forme est aussi attestée à Mérignac ou encore à Martignas-sur-Jalle. Ces défrichements semblent avoir été poursuivis à l'époque moderne dans le cadre de la constitution de grands domaines tels ceux de Lamothe-Lescure, la Forêt ou Bois-Gramont

 

 

DANS LE DÉTAIL

LES TRANSFORMATIONS DU BOURG DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE 

A partir du milieu du XIXe siècle, des changements importants sont réalisés par la municipalité, à la charnière du Bourg et de Lescombes. Une maison commune est construite en 1842 au sud du Bourg, en bordure de l’actuelle avenue de Picot, et un lotissement d’échoppes est aménagé dans les décennies qui suivent, le long de l’actuelle avenue de la Libération, reliant les deux hameaux en un seul ensemble urbain. Dans le même temps, deux écoles sont édifiées, l’une de garçons, avenue de Picot, et l’autre de filles, avenue de la Libération.

Alors qu’elle achève la construction de la maison commune, la municipalité mène un autre projet d’envergure : celui de la reconstruction de l’église paroissiale. Le clocher de l’église Saint-Martin, située alors au nord du bourg, touché par la foudre, s’est effondré en 1847 et la partie conservée n’est maintenue que par des étais. Le 26 mars 1850, les époux Barrière, propriétaire de la maison Guiraud, font donation à la commune d’un terrain d’un peu plus d’un hectare, en surplomb du bourg, en vue de construire une nouvelle église, le presbytère et un nouveau cimetière. Le conseil municipal décide, le 7 mai 1854, la démolition de l’ancienne église et la construction d’une nouvelle. Les travaux, achevés le 21 mars 1860, s’accompagnent de la réorganisation parcellaire agricole par l’implantation d’une trame orthogonale de rues nouvelles. La percée, dans l’axe de l’église, de l’actuelle avenue de Verdun relie l’église au bourg. 

Tandis que le centre religieux du bourg glisse de la place du 4 septembre au côteau qui le surplombe à l’est ; son centre administratif demeure à 200 mètres au sud-ouest de ce dernier. Autour de la place du 4 septembre, désormais vide, émerge à la fin du XIXe siècle un nœud de voies rapides constitué par la route du Médoc, la ligne de tramway et la voie de chemin de fer de Bordeaux à Lacanau : Eysines s’inscrit alors dans le réseau moderne des voies locales de communication.

 

 

DU TERRITOIRE RURAL À L’ESPACE URBAIN ; EXTENSION DE L’HABITAT ET TRANSFORMATIONS DU TERRITOIRE À PARTIR DES ANNÉES 1950

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la population d’Eysines augmente rapidement de 3.280 habitants en 1946 à 12.719 en 1975 et jusqu’à près de 25.000 aujourd’hui. Cette attractivité se traduit par la construction de nombreux logements. Dans les années 1950, les constructions se développent autours des hameaux historiques et au long du tracé des lignes de tramway du XIXe siècle. Les lotissements résidentiels apparaissent au milieu des années 1960. Un premier lotissement est construit en fuseau à proximité du carrefour de l’avenue de Picot et de la rue André Blanc, tandis qu’au sud-est de la commune, un autre grand lotissement est aménagé le long de l’avenue de l’hippodrome. La centralité du bourg s’affirme à cette époque par la construction d’une nouvelle mairie et de deux écoles à proximité de l’église. Ce quartier construit ex nihilo au milieu du XIXe siècle devient alors véritablement le centre du bourg et l’intérieur des parcelles agricoles sont progressivement densifiées. En 1976, de nombreux lotissements d'habitat pavillonnaire ont été aménagés le long et surtout à l’ouest de l’avenue de l’hippodrome, ainsi qu’à l’est du premier lotissement de Picot (Le Grand Caillou). Entre les deux, l’emprise de la future rocade, décidée dès 1958 par Jacques Chaban-Delmas, a gelé le foncier et bloqué l’expansion urbaine. Sa construction, achevée en 1981 pour la partie située à Eysines, amplifie pour plusieurs décennies les dynamiques amorcées dans les années 1960. A l’orée du XXIe siècle, tous les terrains localisés à l’est de la rocade sont désormais bâtis, tandis qu’à l’ouest, de nouveaux lotissements pavillonnaires sont construits sur les dernières grandes emprises foncières restantes. Des transformations plus récentes sont liées à la construction de la déviation de Lacanau, dans les années 2010. Elle coupe le territoire d’Eysines du sud-est vers le nord-ouest à partir de l’échangeur n°8 de la rocade et enclenche le développement de zones d’activités artisanales et de nouveaux quartiers pavillonnaires de part et d’autre de son tracé.

Une mutation de l’occupation du sol de la commune s’opère. Alors qu’en 1950, le territoire apparaît majoritairement dédié à un usage agro-pastoral, le relevé de l’occupation du sol à partir des photographies aériennes de 1976 montre une très forte déprise des usages agricoles au profit des lotissements pavillonnaires, hormis dans la vallée de la Jalle où l’activité maraichère se maintient. Autour du bourg, tant à l’est qu’à l’ouest, s’observe une mosaïque d’usages où se mêlent cultures, habitat individuel résidentiel et espaces semi-naturels ou végétalisés. Vingt-cinq ans plus tard, soit au tournant du siècle, les zones d’habitat individuel se sont fortement développées dans la partie centrale de la commune tout comme les lotissements pavillonnaires particulièrement à l’est de la rocade. L’emprise des zones à usage industriel et commercial s’est un peu développée, surtout au sud-ouest de la commune, à proximité du Haillan. A l’ouest, l’emprise de la future déviation de Lacanau se devine dans l’alignement des zones végétalisées et boisées. Sa construction, dans les années 2010, va modifier l’occupation du sol dans son emprise proche, notamment par la fragmentation des zones boisées du centre de la commune.

LOCALISATION

EN LIEN